Job 4,1-7

2024-05-05

Quand la souffrance nous fait peur… La souffrance des autres fait peur. Elle provoque du déni: on relativise, on explique sans savoir, on console à bon marché. Après avoir été exemplaires de compassion, les amis de Job ne font pas mieux. Eliphaz est choqué par ses propos. Son ami a offensé Dieu, il doit être recadré. Alors voilà qu'il lui fait la morale: lui qui a consolé les faibles et relevé ceux qui trébuchaient, il doit appliquer à lui-même ce qu'il a fait pour les autres. Devant son ami anéanti de souffrance… il le rappelle à sa responsabilité et à son devoir d’exemplarité! Sans commentaire! Puis Eliphaz affirme une solide conviction de la sagesse de son temps: si Job est un homme pieux et intègre, il s’en sortira. Finalement, Dieu ne peut que lui offrir une vie de bonheur. Pourtant, c’est justement cette mécanique trop bien huilée qui viendra se fracasser contre la lucidité sans concession de Job. Puis le verset 7 couronne le tout en jetant le soupçon. Si «l'innocent ne peut disparaître et les gens droits ne peuvent périr», cela résonne alors comme un avertissement pour Job: est-il vraiment innocent? Eliphaz ne tranche pas… mais le doute s’insinue. Lentement mais sûrement, il a quitté le terrain de la compassion.

Christophe Reymond

Prière:  

Cantique «PsC» n° 347; «Alléluia» n° 32-18 Seigneur, quand nous sommes englués dans nos essais de consolation à bon marché, de conseils, d’explications, de justifications, voire de subtils reproches, nous ne parvenons plus à rejoindre celui qui souffre. Donneurs de leçon, nous ne sommes plus son «prochain». Fais-nous la grâce de rester ancrés dans une vraie compassion.